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Un illustrateur de SF à la BU : Olivier Sanfilippo
Aujourd’hui nous faisons la connaissance d’Olivier Sanfilippo, dit Akae, un artiste niçois, comme beaucoup de ceux qui participent au festival Nice fictions de cette année. Il est le responsable du pôle Expositions, Graphisme et Illustrateurs.
Olivier Sanfilippo à droite de la photographie, avec Jérôme Gayol l’un des responsables du festival, lors de l’accrochage de son exposition à la BU de Saint Jean.
Le site pour découvrir notre talentueux illustrateur
Tandem : Olivier pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Olivier : Alors mon parcours est assez éclectique ; après un bac littéraire option arts plastiques j’ai fait deux années aux Beaux Arts avant de me rendre compte que l’académisme artistique ce n’était pas pour moi !
J’étais dans un cursus d’arts traditionnels, bref absolument pas adapté à mes goûts au niveau formation, à savoir à ce moment la BD et l’illustration.
Du coup j’ai opté pour ma seconde passion après le dessin : l’Histoire. Je me suis du coup inscrit en fac et j’ai poussé jusqu’au doctorat.
En parallèle je n’ai jamais lâché le dessin couplé à mon amour du jeu de rôle. J’ai donc commencé à œuvrer au sein de fanzines, webzines et autres productions en amateur avant de voir mon premier projet professionnel édité en 2008.
Ensuite ça s’est progressivement enchainé et j’ai multiplié les boulots édités. J’ai intégré l’équipe initiale du projet des Ombres d’Esteren pour lequel je travaille toujours et qui a été plusieurs fois primé aux USA notamment pour son excellence graphique (Best Art Interior, etc.).
En 2012 j’ai été sélectionné et ai reçu le Prix Jeune Illustrateur Zone Franche/Art&Fact. Ce prix m’a permis d’élargir mon champs d’activité au milieu littéraire et de fréquenter plus encore les salons, festivals (Les Imaginales, La GenCon, etc.) et de multiplier les expositions (Musée National de l’Education de Rouen, Zone Franche, Nice Fictions, Japan Auréa, Festival de la Sainte Narcisse, Entreprise Thalès, etc.).
Depuis mon activité s’est développée, je travaille désormais à plein temps en tant qu’illustrateur pour de nombreux professionnels du milieu du jeu français ou même étrangers (Alderac Entertainment Group (USA), Plaisir d’Histoire (Suisse), etc.), notamment le jeu de rôle. Mais aussi plus largement je travaille le jeu de société, pour des éditeurs littéraires ou encore pour de multiples autres intervenants privés ou institutionnels !
En plus de mon activité d’illustrateur, je suis très attaché et impliqué dans le tissu associatif. Avec mon épouse nous avons animé une section Jeu de Rôle dans un centre culture et loisir durant près de 15 ans. J’ai intégré le GRAAL (Groupement Azuréen des Associations Ludiques) depuis ses débuts, que ce soit en tant que petite main puis à divers postes de responsabilité depuis les débuts (Responsable Pôle Jeu de Rôle, Trésorier, gestion des partenariats, etc.).
Depuis 2008 je suis aussi membre du Comité de direction du studio créatif Forgesonges (à l’origine de nombreux projets édités : Les Ombres d’Esteren, Mississippi, Le Recueil des Démiurges en Herbe, etc.) et je fais parti des fondateurs du GEAR (Groupe d’Entre-aide des Auteurs Rolistes) ou encore de diverses associations communautaires liées à des jeux comme la Voix de Rokugan (autour du jeu Legends of the Five Rings).
Et en ce qui nous concerne j’ai été appelé par Sybille à rejoindre dès ses débuts la merveilleuse aventure de Nice Fictions. Elle m’a confié la gestion et la responsabilité du pôle expositions et graphiques du festival.
Tandem : Vous dessinez, vous jouez, vous écrivez ! ?
Olivier : Oui tout ça ! Je dessine, je joue et j’écris.
Alors, Je dessine beaucoup, ça vous vous en doutez, je joue au Jeu de Rôle au moins une fois par semaine et sinon il m’arrive aussi de pousser de la figurine de wargames.
J’ai la chance d’être marié à une « roliste » toute aussi fan, du coup ça facilite amplement la gestion du planning familial !
Pour l’écriture en fait c’est uniquement lié à mon activité autour du jeu de rôle. Je n’ai absolument pas la plume, ni l’âme d’un écrivain, mais j’adore écrire pour du jeu, développer des univers, des intrigues, et autres éléments de contexte. L’exercice n’est pas du tout identique à l’écriture littéraire. Du coup pour l’écriture je ne marche qu’au plaisir et à l’envie et pas à la commande.
Si j’ai un projet, je travaille, le plus souvent en équipe. J’adore le travail d’équipe, malgré ses contraintes, et j’embarque le plus souvent Aldo Pappacoda dans mes délires !
On a commis plusieurs choses dont une fan-production d’un supplément pour un jeu très connu des « rolistes » : Legend of the Five Rings (un jeu médiéval-fantastique japonisant) qui a reçu un accueil merveilleux de la communauté mais aussi des ayants droits du jeu ! On travaille actuellement sur la suite de ce supplément mais aussi sur un projet avec d’autres amis : La Geste des Dieux-Machines.
Tandem : Comment êtes-vous devenu illustrateur en SF et fantasy ?
Olivier : En fait, ma passion pour le dessin s’est développée en parallèle avec ma passion du Jeu de Rôle. Du coup il ne m’est jamais venu à l’idée de travailler sur autre chose que de la SF, de la Fantasy ou des univers de l’imaginaire. Il était évident pour moi que si un jour j’arrivais à travailler en tant qu’illustrateur, ce serait d’abord pour le Jeu de Rôle, puis dans tous ces univers qui agitent mon imagination et ma cervelle à longueur de journée.
Tandem : Quelles sont vos influences artistiques et pourquoi le Japon ?
Olivier : Elles sont multiples et variées. Et fait je me nourris de tout ce qui m’entoure et je me fais influencer très facilement.
Je fais l’éponge, même si j’essaye de garder le plus possible mon identité graphique.
J’ai toutefois une série d’artistes plus présents, que ce soit dans mon travail, ma technique ou les thématiques que j’aborde ou simplement comme constituant de mon univers mental et graphique.
L’Asie et plus encore le Japon, occupe une place d’honneur dans ces influences. Le tout premier qu’il m’est impossible de renier tant je suis fan et tant il participe à m’alimenter c’est Hayao Miyazaki et les Studios Ghibli. Je suis admiratif de leur travail. Leurs univers, leurs sujets, leurs thématiques, me parlent et me touchent. Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro, Le Château Ambulant, Mon voisin Totoro, Nausica, etc., tant d’œuvres que j’ai en permanence à l’esprit et que je ne me lasse jamais de repasser.
A tel point que lorsque j’ai des jeunes en stage à la maison, il faut obligatoirement que je leur fasse visionner certaines des œuvres clefs qui m’influencent. Ils se plaignent rarement ! Le Japon me fascine, j’en suis amoureux, à tel point qu’une partie importante de ma thèse d’histoire portait dessus.
De ce fait je suis un fan de toute la production d’estampes de l’ère Edo, les Ukiyo-e, et des artistes tels Kiyonaga, Utamaro, Hiroshige, Hokusai, quelques uns parmi les plus célèbres.
Plus actuels, il y a aussi des artistes très célèbres qui ont travaillé dans le jeu vidéo ou l’animation (entre autre) par exemple comme Yoshitaka Amano dont le travail me renvoie inconsciemment à Alfons Mucha peintre et publiciste très connu que j’adore.
Pour citer encore des artistes européens ou contemporains qui m’inspirent ou m’influencent je dois citer le travail des artistes romantiques du XIXe qui me fascinent, notamment par leur ambiance et leurs compositions.
Pour les plus contemporains Sergio Toppi, Gérard Trignac ou encore des artistes comme le non moins célèbre Andy Goldsworthy (artiste photographe/sculpteur/plasticien de la mouvance du Landart) mais aussi des célébrités de notre milieu tel Aleksi Briclot, Marc Simonetti, JungGi Kim, Claire Wendling et tellement d’autres.
Et ce sans compter tous les collègues qui m’entourent avec lesquels je travaille ou que je fréquente et auprès desquels j’agis comme un vrai buvard ou encore tout l’art architectural qu’il soit italien, français, japonais, ancien ou contemporain (les cités italiennes sont une autre de mes passions tout comme les monstres tentaculaires aux contrastes incroyables que sont les cités asiatiques comme Shanghai, Tokyo, Hong Kong, etc.!).
Tandem :Pouvez-vous définir le rolisme ?
Olivier : héhé! C’est la première fois que l’on me parle de « rolisme ».
Ce terme me renvoie à une communauté, une tendance, une mouvance autour du Jeu de Rôle. Je ne sais pas si l’on peut parler de « rolisme » sans parler de jeu avant tout. Sans le « Jeu » pas de « Rôle ».
Notre activité passe avant tout par cette composante essentielle : le jeu. C’est ce qui nous distingue des « jeux de rôles » qu’on peut faire en thérapie chez un psy, en école de commerce, ou encore sur une scène de théâtre.
J’utilise le terme « roliste » pour nous désigner, par raccourci, du coup je pense que sans m’en rendre compte je nous colle une étiquette « communautaire » et du coup « rolisme » prend un peu de sens.
Bref comme le cyclisme, c’est avant tout la pratique qui nous regroupe, pour le reste, les profils sont tellement divers. Du coup, le « rolisme » en tant que tel, isolé de sa pratique ça ne me parle pas. Il n’empêche que j’adore le jeu de rôle et qu’il fait partie des activités, comme pour certains le sport, dont je ne pourrai me passer.
Du coup si je devais définir le « rolisme », je parlerai de création et d’imagination, de voyages, de stimulation et de rencontres mais surtout et avant tout de jeu.
Tandem : Quelle place tient-il dans votre création ?
Olivier : Le jeu de rôle tient une place essentielle.
En fait, le jeu de rôle est un média des plus complets. Il permet de jouer, de s’amuser, de créer. Il stimule l’imagination et mobilise de nombreuses compétences. Notamment sa pratique mais aussi l’aspect créatif. La création de jeu de rôle c’est complet : littéraire, game design, graphisme, scénarisation, etc.
C’est pour moi le Graal du créatif dans le sens où l’on peut y trouver nombre de domaines de la création et que cette création prend vie ensuite dans les mains et l’esprit des joueurs. C’est génial. Quand je bosse, je me fais forcément plaisir. C’est un stimulus incroyable pour mon imaginaire. C’est dire la majeure partie de mon travail, l’est pour des clients de l’industrie du jeu et majoritairement du Jeu de Rôle. C’est simple je travaillerai toujours pour du Jeu de Rôle, que ce soit pour des éditeurs ou sur des projets personnels.
Un festival culturel sur le campus Saint Jean d’Angely ce printemps: Nice Fictions 2016
Depuis avril 2015, le campus de saint-Jean d’Angely se transforme, l’espace de quelques jours, en une vaste scène dédiée aux genres du fantastique, de la fantasy et de la Science-fiction. Au printemps dernier, les amateurs ont pu jouer, rencontrer des peintres illustrateurs et des écrivains, assister à des tables rondes, écouter un concert, échanger sur leurs passions…
Ce festival se veut ouvert à toutes les créations artistiques (écriture, BD, musique, cinéma, peinture, jeux). Son originalité vient de ce qu’il réunit artistes et universitaires, et permet de passer d’un jeu de rôle captivant à une table ronde ou une conférence qui ne le sont pas moins autour de tous les aspects de la SFFF. Processus de création, conférences sur les films, crédibilité scientifique de la navigation spatiale, tout ce qui ouvre sur la société du futur.
Installé sur tout le campus, ce festival est aussi une occasion d’enrichir la vie culturelle et sociale des étudiants de Saint-Jean d’Angely, tout en l’intégrant dans la vie du quartier et de la ville.
La BU de Saint-Jean d’Angely s’y est associée dès 2015, en recevant des expositions des peintres de SF et une compétition d’écriture. Depuis septembre, la bibliothèque expose désormais des peintres et héberge un atelier d’écriture de nouvelles.
Mais passons la parole à sa directrice, Sybille Marchetto.
Sybille, pouvez-vous vous présenter ?
Nouvelliste dans les genres de l’imaginaire et anthologiste, je dirige une toute petite maison d’édition (Les Vagabonds du Rêve), publiant entre autres des jeux de rôle, et je suis également responsable du festival Nice Fictions.
Avec qui travaillez-vous ?
Dès que le projet a été connu, il a suscité une véritable adhésion parmi les amateurs d’imaginaire, mais y collaborent plus spécialement :
- le comité littéraire, qui chapeaute la programmation des tables rondes et rassemble plusieurs écrivains de la région niçoise : Ugo Bellagamba, Hélène Cruciani, Merlin Jacquet, Léo Lallot et Hélène Marchetto ;
- Olivier Sanfilippo, illustrateur mentonnais et auteur de l’affiche de notre 1ère édition, est en charge des expositions ;
- Jérôme Gayol, directeur-adjoint et régisseur. Il est également président du GRoupement Azuréen des Associations Ludiques qui assure le pôle Jeux de Simulation au Festival International des Jeux de Cannes ;
- des bénévoles des associations ludiques, membres du GRAAL, et plus spécialement les Voix d’Eidôlon, C’est Pas D’Rôle et On Sort Le Grand Jeu.
La nouveauté de cette édition 2016, est l’ajout d’un pôle Sciences dont est chargé Stéphane Guibert, docteur en astrophysique.
La BU Saint-Jean-d’Angely et le CROUS sont aussi partenaires, ainsi que la Bibliothèque municipale Nucéra qui va lancer le festival par une journée cinéma.
Pourquoi Saint-Jean-d’Angely ?
C’est un campus moderne, ouvert par définition à la culture et idéalement situé, à quelques pas du Vieux Nice et sur le tracé du tram. De plus, il a l’habitude et la vocation d’accueillir salons et colloques.
Parlez-nous de la philosophie de ce festival.
Nice Fictions est un festival ouvert et communautaire, sur l’idée forte que la culture appartient à tous et doit être accessible à tous. L’entrée est libre. Nous dédions le vendredi aux scolaires et aux universitaires et les deux autres jours du week-end sont plus ouverts aux familles et grand public.
Nous montrons la richesse des genres de l’imaginaire qui investissent tous les supports de l’art : littérature, jeux, cinéma, arts plastiques…
Un retour sur les événements de l’année dernière ?
- La Saturday Gaming Night a accueilli tous types de jeux une bonne partie de la nuit et un concert du groupe Kerion, groupe de métal symphonique ;
- la conférence Weightless présentée par Richard Taillet, astrophysicien sur le traitement de l’apesanteur dans les films de science-fiction, a eu beaucoup de succès ;
- les expositions d’œuvres, dont certaines illustrations directement issues du jeu de rôle. En partenariat avec la Bibliothèque Universitaire de St-Jean d’Angély, l’expostion Le retour de l’enfant prodigue de Gilles Francescano, invité d’honneur 2015, est resté plusieurs semaines proposée au public ;
- la projection de Noob, le film, sur grand écran.
Que nous préparez-vous pour avril 2016 ?
Bien évidemment, on retrouvera la structure proposée en 2015 : conférences, tables rondes, dédicaces et rencontres, expositions, jeux en démo, tournois, mais il y aura aussi quelques nouveautés, comme une plus forte présence de la Science évoquée plus haut ou, dès le mercredi, une journée cinéma qui démarrera le festival à l’auditorium de la Bibliothèque municipale Louis Nucéra.
A noter également que le festival est partenaire du concours de nouvelles du CROUS et que la remise des prix se fera le vendredi soir.
Pour en savoir plus, lien vers le site : http://nice-fictions.fr