Le paradigme du yaourt et de l’artichaut

 

Pourquoi s’abonner à des ensembles de revues, et non à des titres isolés ? Et quel lien entre le yaourt, l’artichaut et la documentation électronique sur abonnement ?
Les modèles économiques de l’électronique !

Image : Dinkum - Domaine public

Image : Dinkum – Domaine public

Contrairement au papier, il n’y a pas de prix unique pour une ressource. Les  tarifs sont calculés selon les caractéristiques des établissements (nature, effectifs, maintien d’un chiffre d’affaire historique de dépenses chez l’éditeur). Plus un éditeur est important pour la communauté scientifique et plus l’abonnement risque de coûter cher. Certaines sociétés savantes essayent d’ailleurs aujourd’hui d’imposer une tarification à l’usage.

  • La plupart du temps, comme les yaourts en promotion dans les supermarchés, l’éditeur vend un gros paquet de revues (un « bouquet », tout son catalogue ou des collections thématiques), beaucoup moins cher que les revues à l’unité. Pour une université pluridisciplinaire, couvrir les besoins de l’ensemble des usagers implique souvent de souscrire à ce type d’offre.
  • Comme les artichauts, il y a beaucoup de déchet. Dans ces titres, une partie n’intéresse pas, ou seulement de façon marginale, les chercheurs de l’université.
  • Et comme en supermarché, les bibliothèques passent la plupart du temps par une « centrale d’achat », le consortium Couperin, qui permet d’obtenir des tarifs préférentiels en négociant de façon groupée, en contrepartie souvent d’un engagement sur trois ans, ou d’accéder pour le même prix, en plus de nos abonnements, à l’ensemble des titres souscrits par les membres.

Une institution ne peut d’ailleurs pas tout acheter à l’unité : certains éditeurs n’ont pas d’offre pour les bibliothèques, alors que la version électronique est disponible pour les particuliers (ex : Le Monde, livres électroniques de certains éditeurs français en dehors de bouquets vendus par des intermédiaires).

Ces modèles de « bouquets » permettent d’offrir beaucoup de documents. Ils peuvent être intéressants en terme de service rendu pour des éditeurs spécialisés ou incontournables, car les chercheurs ont ainsi immédiatement accès à la plupart des articles dont ils ont besoin. Mais il y a des effets pervers en période de restriction budgétaire, puisque pour maintenir certains catalogues, il faut parfois en désabonner d’autres, en travaillant par grosses masses plutôt que finement titre par titre.

Alors est-il encore possible de concilier réalité budgétaire  et service maximum ? Les carottes sont-elles cuites ? Pas de recette miracle, mais mon point de vue de gestionnaire de documentation électronique dans le dernier billet de la série…

Voir aussi Petite cuisine de la documentation électronique (1/3) : du blé et de la galette
Petite cuisine de la documentation électronique (3/3) : Les carottes sont-elles cuites ?