Résultats de la recherche pour cessole (8)

 

Le patrimoine régional à l’honneur avec la Bibliothèque du Chevalier de Cessole

Inaugurée en 1937, la bibliothèque du Chevalier de Cessole est actuellement installée au 3ème étage du Musée Masséna et accessible aux chercheurs sur rendez-vous. C’est à ce musée que Victor de Cessole (1859-1941) décida de léguer en 1936 l’ensemble de sa bibliothèque familiale. L’acte de donation du 15 mars 1933 est assorti de « conditions absolues et déterminantes » : « la bibliothèque devra être installée, conservée et mise en valeur dans une salle spéciale du Musée Masséna, qui ne pourra jamais être désaffectée et dont le contenu ne pourra pas être dispersé, elle portera le nom du Chevalier Victor de Cessole. Cette bibliothèque et ces collections devront être mises à la disposition du public gratuitement, ne pourront jamais être fusionnées avec d’autres bibliothèques, aucune pièce ne pourra en être détachée ni prêtée… »

Le Carillon de Nice (Photo E. Rauzy)

Le Carillon de Nice (Photo E. Rauzy)

Les Spitalieri de Cessole, vieille famille niçoise, ont constitué cette bibliothèque sur trois générations. Hilarion (1776-1845), président du Sénat de Nice, a mis l’accent sur les livres de droit et d’archéologie. Avec Henry, ami du bibliographe Jacques-Charles Brunet et véritable créateur de la bibliothèque familiale, les éditions rares et bibliophiliques ont été privilégiées. Avec Victor (1859-1941), ce seront le régionalisme et la montagne.

La donation Cessole compte :

– 1825 ouvrages généraux et bibliophiliques

– 1795 livres sur la Provence, la Savoie et l’Italie du Nord

– 5719 sur le comté de Nice et la Côte d’Azur

– 250 manuscrits

– 175 titres de journaux

– des pièces d’archives privées

– 1400 cartes et plans dont 54 manuscrits

– environ 700 estampes

Le don prestigieux du Chevalier a conduit d’autres érudits locaux à donner leur bibliothèque régionaliste et leurs archives. Un deuxième fonds s’est ainsi formé et s’accroît régulièrement, conservé dans des magasins. Il comprend plus de 10 000 ouvrages régionalistes, 150 titres de revues, des cartes, estampes, tirages photographiques, cartes postales, plaques de verre de Giletta, et des dossiers documentaires thématiques. Un budget d’acquisition permet l’enrichissement des collections de cette bibliothèque régionaliste et patrimoniale unique. La Bibliothèque de Cessole détient également deux fonds d’archives privées.

Les collections sont en cours d’informatisation dans le catalogue collectif de la BMVR de Nice. Un important travail de classement, inventaire, indexation, cotation et protection des documents (afin d’en assurer une bonne conservation) est mené depuis plusieurs années. Tous les livres anciens sont catalogués. Chaque année, l’équipe se consacre au traitement d’un type de document : en 2015, c’était les plaques photographiques. En 2016, place au traitement des périodiques : inventaire et signalement des journaux de la bibliothèque (notamment les périodiques locaux et anciens, précieux ou rares, dont il faudra demander la numérotation ISSN rétrospective afin de les identifier de manière unique).

Retrouvez toutes les informations sur cette bibliothèque ici (fonds conservés, historique, accès, etc).

Bibliothèque du Chevalier de Cessole : salle de travail (Photo E. Rauzy)

Bibliothèque du Chevalier de Cessole : salle de travail (Photo E. Rauzy)

 

Rapport d’activité 2023

[Sans titre] / by De_mi_voz_voces (Pixabay, [CC0 Content])

Les objectifs de notre Centre Sudoc-PS PACA/Nice sont fixés dans la convention qui nous relie à l’ABES : nous avons rédigé un rapport d’activité pour l’année 2023, pour présenter les réalisations notables de l’année.

Pour notre objectif de valorisation des collections :

Nous avons amélioré 80% des notices d’unicas du réseau, et intégré dans le Sudoc les collections de l’Écomusée du Pays de la Roudoule, ainsi qu’un don conséquent de la bibliothèque du Chevalier de Cessole.

Des collections ont également été mises à jour, notamment aux Archives municipales de Nice, suite à un chantier de recotation.

Quant au nombre de demandes de numérotations ISSN, il a presque doublé depuis 2022.

Pour notre objectif d’animation du réseau :

Nous avons formé les membres du réseau à Colodus en nous rendant sur site, en invitant les collègues à des ateliers, et en proposant des visioconférences.

Nous nous sommes également rencontrés grâce à quatre déplacements sur site, entre autre au Centre de documentation du musée Terra Amata et à la bibliothèque du CEPAM ; avant de tous nous retrouver pour la 9ème journée annuelle du réseau à la Bibliothèque Lettres Art Sciences humaines d’Henri Bosco (Université Nice Côte d’Azur) puis aux Archives Nice Côte d’Azur.

Nous observons également une augmentation des visites virtuelles sur notre blog : plus de 3500 vues en 2023 pour 2300 en 2022.

> Nous sommes ravis de cette riche année 2023, et vous invitons à consulter le rapport d’activité complet.

 

Périodiques remarquables du réseau : la « boite aux lettres » de Ben

Après le suicide tragique de l’artiste Ben Vautier le 5 juin dernier, peu de temps après la mort de sa femme Annie Vautier, les hommages à travers le pays et de la part du monde de l’art ont remis en lumière son travail. C’est ainsi qu’à la Bibliothèque du Chevalier de Cessole, à la demande d’un lecteur, a été sorti des magasins la revue boite aux lettres, compilation des newsletters accessibles sur le site internet de Ben, elles-mêmes des compilations de petites notes faite de manière impulsive, accompagnées de dessins et écritures inédites. Comme à son habitude Ben y laisse libre cours à toutes les réflexions qui traversent son esprit, de la plus futile à la plus intéressante. Il y commente aussi l’actualité culturelle locale, ou encore répond à certains des courriers qu’il recevait chez lui. Cette revue est une manière de conserver de manière pérenne une partie du contenu de site de Ben.

Boite aux lettres n°10 juin 2022_Ben

Véritable objet de patrimoine numérique qui ne peut exister que sous cette forme, le site internet de Ben est un espace chaotique et vivant où l’internaute se perd, étourdi par tant d’éléments à l’écran. Rejetant les conventions esthétiques et techniques attendues d’un site web, la plupart des pages sont des blocs de textes, mais nous pouvons trouver également un enregistrement du répondeur téléphonique de l’artiste, des dessins cachés et autres fantaisies. Certaines pages ne sont déjà plus disponibles car les noms de domaines ont expiré, et il est légitime de se poser la question de la conservation de ce site à l’avenir maintenant que l’artiste est décédé.

Copie d’écran site web ben-vautier.com

Sans doute ce site fait-il partie des 4 millions de sites et 2 milliards de pages web que la BnF collecte et archive par le dépôt légal numérique chaque année. En effet, la BnF les collecte de manière automatique, à l’aide d’un robot qui détecte les sites hébergés en France. Compte tenu du nombre massif de sites ayant une adresse numérique française la BNF ne vise pas l’exhaustivité dans son procédé d’archivage, mais elle effectue une curation qui tend vers la meilleure représentativité possible de l’internet français.

Copie d’écran site web ben-vautier.com

Le magazine de Ben « boite aux lettres » est disponible à la Bibliothèque du Chevalier de Cessole et à la Bibliothèque Romain Gary à Nice.

Membres du réseau, n’hésitez pas à nous signaler vos périodiques remarquables pour que nous les mettions en avant : écrivez-nous à sudoc-ps.paca-nice@univ-cotedazur.fr

 

Périodiques remarquables de notre réseau : Historiens et Géographes – Bulletin de la Régionale de Nice

Nous débutons sur notre blog une nouvelle série de billets participatifs dans lesquels les établissements de notre réseau choisiront de mettre en avant des périodiques rares ou remarquables (périodiques localisés dans peu d’établissements) ou des unicas (périodiques localisés dans un unique établissement). Aussi, cher·e·s collègues des établissements du réseau, n’hésitez pas à nous suggérer par mail (sudoc-ps.paca-nice@univ-cotedazur.fr) les périodiques rares de vos collections que vous souhaiteriez mettre en avant de manière similaire sur notre blog.

La Bibliothèque du Chevalier de Cessole, située au dernier étage du Palais Masséna, a eu récemment un don conséquent de périodiques de la part de Jean-Philippe Fighiera, professeur de nissart et historien local. Au sein de ce don se trouvait une collection importante des numéros de la revue sujet de notre billet : Historiens et Géographes – Bulletin de la Régionale de Nice.

Historiens et géographes : Bulletin de la Régionale de Nice (photo E. Hansson)

Si la revue nationale Historiens et Géographes publié par l’APHG (Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie), encore en cours de parution, est assez populaire et bien conservée, peu connaissent aujourd’hui l’édition locale produite par la Régionale de Nice de l’APHG conservée actuellement dans 3 établissements de manière conséquente : les Archives Départementales des Alpes-Maritimes [n°1 (1979) – n°43 (2007) ; n°30 (1994) et n°42 (2006) manquants. Conserve aussi le supplément Dossier pédagogique « Monaco » n°1 (1997)], la Bibliothèque universitaire Henri Bosco (Campus Carlone) [n°1 (1979) – n°22 (1989) ; n°27 (1993) – n°28 (1993)], et maintenant la Bibliothèque du Chevalier de Cessole  [n°2 (1979) – n°25 (1991) ; n°4, 14-15, 17-24 manquants].

Ralph Schor, professeur émérite d’histoire contemporaine à Université Côte d’Azur et président de la Régionale de Nice de l’APHG pendant 30 ans, était également le directeur de la revue. Il nous a confié :

« Le bulletin académique que vous connaissez fut créé comme un supplément de la revue nationale. L’objectif était de fournir aux collègues des informations pratiques, des articles de fond en relation avec les programmes, des comptes rendus d’ouvrages parus ou de voyages d’études organisés par la Régionale. Il s’agissait en somme d’une sorte de formation continue »

Ralph Schor écrivait également dans l’un des éditos de la revue :

« Nous réclamons toujours le bénéfice de la formation continue. Des professeurs se plaignent d’être isolés, dépourvus de soutien pédagogique et confrontés à des programmes dont l’enseignement est difficile. (…) La Régionale de Nice participe à cet effort général. Dans la mesure de ses moyens, elle aide les collègues de l’Académie. »

Historiens et géographes : Bulletin de la Régionale de Nice (photo E. Hansson)

Il y avait une réelle volonté, en plus de cette mission de formation continue, de permettre aux professeurs des collèges et lycées de garder un contact avec l’activité des professeurs universitaires et de l’avancée de la Recherche. Également, cette revue représentait l’opportunité de mettre en avant les publications rédigées par des enseignants du secondaire. Ralph Schor nous confiait :

« Les auteurs étaient tous, ou presque, des professeurs du second degré ou du supérieur en poste dans l’académie de Nice. »

Concernant la fabrication de la revue :

« Je me chargeais de la mise en forme. Cette publication représentait une charge assez lourde. Heureusement je la faisais imprimer à la Faculté des Lettres qui facturait le travail au prix coûtant. Charles Ehrmann, doyen de l’Assemblée nationale et élu départemental, se souvenant de ce qu’il avait été professeur d’histoire et géographie, nous fit longtemps attribuer une petite subvention par le Conseil général. »

Cette revue précieuse est en cours de dépouillement à la Bibliothèque de Cessole et vous pouvez surveiller le catalogue de la BMVR de Nice pour plus d’informations.

 

Retour sur la 7e Journée annuelle du Sudoc-PS Paca/Nice (novembre 2019)

Le musée Masséna (Nice). Photo Jean-Pierre Dalbéra, Wikimedia Commons, CC-BY-2.0

La 7e Journée annuelle du Centre du Réseau Sudoc-PS PACA/Nice s’est déroulée le mardi 5 novembre dernier. Nous étions reçus par la Bibliothèque du Chevalier de Cessole, installée dans les locaux du Musée Masséna à Nice. Toute l’équipe sur place s’est fortement mobilisée pour organiser l’accueil des membres du réseau et nous faire découvrir ce lieu magnifique.

La bibliothèque du Chevalier de Cessole étant particulièrement riche en unicas et presse locale ancienne, les collègues ont partagé leur expérience de traitement et de valorisation de ces fonds précieux. Retrouvez ici leur présentation des collections de périodiques et leur travail de recensement. Elles repèrent également les titres qui pourraient faire l’objet d’une numérisation, par exemple la revue Mediterranea. Cette belle revue a été plus spécifiquement présentée par notre collègue Dominique Laredo (SCD de Nice) qui a publié à ce sujet un article accessible en ligne.

L’application Unicas/Presse locale ancienne, développée par notre collègue Géraldine Geoffroy et le Centre du Réseau Sudoc-PS, a été dévoilée aux participants. Cet outil de visualisation et d’amélioration des données de signalement est désormais accessible en ligne. Une page dédiée sur notre blog résume toutes les informations la concernant. Retrouvez aussi ici la présentation de Géraldine Geoffroy sur la genèse de l’appli et son fonctionnement.

Les participants ont pu manipuler ce nouvel outil d’exploration des données au cours d’un atelier. Nous en avons profité pour noter les suggestions d’améliorations, toujours les bienvenues (n’hésitez pas à nous contacter par mail).

Au cours de la journée, les participants ont également bénéficié de 2 visites guidées pour découvrir les trésors de la bibliothèque du Chevalier de Cessole, ainsi que les collections permanentes du Musée Masséna qui l’héberge.

Notre enquête de satisfaction est toujours accessible en ligne. Merci à celles/ceux qui l’ont déjà complétée pour vos commentaires utiles et positifs, et vos souhaits de thématiques à aborder pour une prochaine Journée Sudoc-PS.

Toute l’équipe du Centre du Réseau Sudoc-PS Paca/Nice remercie les collègues qui nous ont accueillis si chaleureusement. La journée a rassemblé 62 participants venus de 30 établissements des Alpes-Maritimes, du Var et de Monaco. Nous espérons vous retrouver tout aussi nombreux lors de notre prochaine édition en 2020 !

Les participants 2019 (photo A. Pandelé)

 

AUPLA : Application sur les Unica et la Presse Locale Ancienne

Pour y accéder : http://sudocps.univ-cotedazur.fr/sudocps-pro-app

A l’origine de ce projet, il y a l’envie de valoriser 2 corpus spécifiques de périodiques : les unica et la presse locale ancienne présents dans les 75 bibliothèques non déployées du périmètre du Centre du Réseau Sudoc-PS PACA/Nice (Alpes-Maritimes, Var, Monaco).

Dans ce but, le Centre Régional a créé et mise en ligne AUPLA, un outil de visualisation des données basé sur les web services du Sudoc. AUPLA permet de :

  • Évaluer nos collections
  • Améliorer leur visibilité
  • Améliorer la qualité des données et du signalement dans Sudoc.fr

AUPLA concerne les titres de périodiques unica du Sudoc.fr (titres ayant une seule localisation dans Sudoc.fr) et les titres de périodiques des Alpes-Maritimes, du Var et de Monaco (périmètre de notre CR), présents dans la base de la BnF : Presse locale ancienne.

Visualisation des données (sous forme de graphes), interrogation de la base de données, export de fichiers, rebonds vers les catalogues Sudoc.fr et Presse locale ancienne, liens entre les 2 corpus.

Application développée par Géraldine Geoffroy et le CR Sudoc-PS PACA Nice (équipe des Bibliothèques Université Côte d’Azur) et mise en ligne le 5/11/2019.

Présentée au réseau des bibliothèques PACA/Nice lors de la 7e journée annuelle Sudoc-PS du 5/11/2019 à la bibliothèque du chevalier de Cessole (Musée Masséna – Nice).

Pour toute question sur cet outil, n’hésitez pas à nous contacter.

Pour aller plus loin : billets techniques ou « comment s’est construit l’application » :

 

7e Journée du réseau SUDOC-PS Paca/Nice, le mardi 5 novembre 2019

A vos agendas ! La 7e Journée des bibliothèques du réseau SUDOC-PS du Centre régional PACA/Nice aura lieu le mardi 5 novembre 2019, de 9h à 16h. Vous êtes cordialement invité·e·s à participer à cette journée d’information et d’échanges sur les actualités du Centre Régional et nos pratiques professionnelles.

Cette année c’est la Bibliothèque du Chevalier de Cessole qui nous accueille, au sein du Musée Masséna, 65 rue de France à Nice. La journée se partagera entre informations professionnelles, ateliers pratiques, et visites guidées. Afin de faciliter l’organisation de cette rencontre, merci de bien vouloir confirmer votre participation en complétant le formulaire d’inscription en ligne avant le 6 octobre.

Le musée Masséna (Nice). Photo Jean-Pierre Dalbéra, Wikimedia Commons, CC-BY-2.0

Déroulement de la journée :

9h00 : Accueil des participants à la Villa Masséna autour d’un petit-déjeuner.
9h30 : Début des interventions, introduction de la Journée.
10h00 : Intervention autour du traitement des périodiques de la Bibliothèque du Chevalier de Cessole et du projet de numérisation de la revue Mediterranea.
10h30 : Démonstration de l’application du Sudoc-PS pour la visualisation des données et le signalement des unicas et de la presse locale ancienne.

11h15 : Pause café

11h30 – 12h15 : 3 groupes en alternance participeront aux activités suivantes :
* Atelier de manipulation de l’application Unicas/Presse locale ancienne
* Visite guidée de la Bibliothèque du Chevalier de Cessole et ses réserves
* Visite guidée du Musée Masséna et ses collections permanentes

12h30 – 14h : Pause déjeuner (buffet offert).

14h-14h45, puis 15h-15h45 : reprise des 3 groupes du matin en alternance : atelier de manipulation de l’application, et visites guidées. Au fil de la journée chaque groupe suivra l’atelier de manipulation et les 2 visites.
16h : Fin de la Journée.

◊ Accès en transports publics : tramway ligne 2, arrêt Alsace-Lorraine. Parking (payant) : Palais Masséna. Voir ici l’ensemble des transports en commun disponibles aux alentours.

◊ N’hésitez pas à nous contacter pour toute demande de renseignements complémentaires.

 

Enrichir et faire parler les données du CR (4/5) : passage par la case modélisation

Début mars 2019 s’est tenu à Berlin un Workshop du W3C autour de la structuration des données en graphe et de leur intégration dans le web. Présentée ainsi, la problématique paraît triviale puisque le W3C est justement l’organisme qui gère et promeut ce qu’on appelle le web de données, c’est-à dire l’adoption des standards de la modélisation en RDF (qui est par nature un graphe) pour « pousser », lier et ouvrir les données sur le web. En fait, ce Workshop est le résultat d’un constat : d’une part il y a les modélisations de type web de données donc, avec leurs univers de données identifiées par des URIs sémantiquement décrites et connectées entre elles grâce à des ontologies (et il est vrai que le Linked Open Data Cloud ne cesse de s’étendre), mais à côté on constate également l’utilisation croissante par des acteurs divers et variés (économiques, institutionnels…)  de bases de données non-relationnelles dites orientées graphe dans des logiques de curation et visualisation de données décorrélées des problématiques du web.

De quoi s’agit-il ? Il s’agit de structurer ses données comme un ensemble de noeuds (dotés d’attributs sous forme de paires clé-valeur pour les décrire) liés entre eux par des relations (elles-mêmes qualifiées par d’autres attributs) , tout en étant complètement libre dans la détermination des entités, du type de leurs liens et de la nature de leurs propriétés*. Ces modélisations dites de type property graph, jugées à l’usage très performantes pour traiter des masses exponentiellement croissantes de données plus ou moins structurées (le fameux Big Data, qui s’ouvre désormais aux objets connectés !), répondent donc à un besoin auquel la modélisation type RDF répond mal :

  • de la flexibilité et de la souplesse dans la création et l’annotation des entités et de leurs connexions,
  • un stockage des données de ce fait optimisé par des graphes beaucoup moins verbeux,
  • des langages d’interrogation spécifiques à chaque base de données mais relativement simples (toujours plus simples que du SPARQL de toute façon !) et très puissants pour parcourir des chemins dans le graphe.

On comprend donc mieux la teneur du Workshop qui visait en fait à établir des ponts entre deux technologies, l’une dédiée à l’ouverture et l’échange de données, l’autre au stockage et à la navigation dans les données, mais utilisant toutes deux des modélisations en graphe (en sous-texte, « ça sent le roussi » pour le RDF qui pour x raisons reste une technologie de niche, tandis que parallèlement se développe le property graph pour des raisons de pragmatisme et d’efficience).

Pour donner une idée de la diversité des cas d’usages où l’approche property graph se révèle pertinente, on peut mentionner le Consortium International des Journalistes d’Investigation qui a travaillé sur les Panama papers en recourant à une base de données orientée graphe, et ce dans une démarche heuristique pour mettre à jour les connexions dans les 11,5 millions de documents non-structurés qui avaient fuités. Pour ceux que cela interesse, une brève news ici et un billet plus complet ici 

Et donc ??? Pourquoi cette loooongue introduction et quel est le rapport avec l’application sur les données de périodiques du CR dont on vous parle depuis 3 billets maintenant (sachant qu’à l’échelle du CR on ne se trouve pas vraiment des problématiques de Big Data) ?

Le lien se trouve dans la modélisation : nous en étions à la fin du billet précédent sur une mini app en tant que preuve de concept sur les données des unicas, il s’agit maintenant de passer à l’échelle sur l’ensemble des données d’unicas et de presse locale au niveau du CR, et de construire les traitements de données au coeur de l’application, afin de créer et automatiser les workflows qui permettront de passer de listing de données issus du Sudoc et du catalogue général de la BnF à une interface web où chaque bibliothèque du réseau pourra visualiser et interroger ses collections, et disposer des métadonnées. La difficulté de l’exercice tient alors à la variabilité des périmètres (CR/RCR) et la multiplicité des sources d’enrichissement des données. En effet, si les trois sources primaires sont bien identifiées et (manuellement mais) facilement récupérables :

Il faut ensuite requêter plusieurs services d’exposition des données mis à disposition par l’Abes et la BnF pour construire le corpus de métadonnées (ce billet précédent détaille par exemple une méthode d’interrogation de web services et de traitement des résultats dans Excel pour les unicas *)

*A noter qu’entre temps un nouveau web service a été mis en place par l’Abes qui permet d’obtenir les notices complètes en Unimarc/Xml à partir de l’extension .xml ajoutée aux urls pérennes du Sudoc (par exemple https://www.sudoc.fr/156143453.xml), plutôt que les notices incomplètes exposées en RDF. A noter également que désormais les champs ISSN sont exposés dans les notices. Gros avantage enfin, outre la complétude des données bibliographiques, les données d’exemplaires sont également délivrées en fin de notice, ce qui à première vue économise des appels au web service multiwhere pour retrouver les bibliothèques localisées sous les notices. Mais à première vue seulement, car les données d’exemplaires ne contiennent « que » le rcr des bibliothèques : si l’on souhaite des données plus riches (nom et géolocalisation de l’établissement), il faut de toute façon revenir à l’API multiwhere, puisqu’il n’existe pas (à ma connaissance tout du moins) de web service permettant d’obtenir des notices RCR en Unimarc/xml à partir du numéro RCR (les accès aux web services d’Idref qui exposent les données d’autorités en Unimarc/xml se font sur la base du ppn).

 

Ce qui donne schématiquement si on se concentre sur le côté traitement de données :

mais qui n’est qu’une partie du schéma global du projet :

 

Il s’agit donc de trouver la modélisation, le stockage et le chaînage des traitements de données adéquats qui permettent de déterminer précisément le périmètre des unions et intersections entre « blocs de données » représentés par les cercles au centre du schéma, autrement dit de trouver un moyen de pouvoir répondre aux questions à la fois au niveau global du CR et particulier de chaque RCR : combien unicas ? Parmi ceux-ci quelles notices n’ont pas d’ISSN et peuvent faire l’objet d’une demande via Cidemis ? Quelle est la répartition territoriale et par bibliothèque des titres de presse ? Parmi les titres de presse concernant les AM, lesquels sont également des unicas ? Quels sont les unicas détenus par les bibliothèques monégasques pour lesquels une version numérisée est accessible ? Bref, comment NAVIGUER dans les données ?

C’est ici que l’on retrouve nos graphes : quand il s’agit de parcours dans les données, autrement dit ici de requêtes croisées entre sources distinctes, il est avantageux de sortir de la logique relationnelle de jointures entre fichiers plats et de passer à une modélisation type graphe. Ainsi, en décidant d’adopter une base de données orientée graphe (Neo4j en l’occurence) basée sur une modélisation property graph, le coeur du travail consiste à bien déterminer (et ce en fonction des questions auxquelles on veut pouvoir répondre) :

  • les types d’entités à modéliser (les noeuds du graphe et leurs attributs),
  • les liens entre les entités et les propriétés (caractéristiques) de ces liens,
  • parmi ces connexions, celles que l’on connait de par la structure des sources de données, et celles que l’on crée dans la base de données par algorithme d’alignement entre noeuds.

Si on « recolle » à nos données Sudoc et BnF, voici ce que cela donne en substance :

– on créé des noeuds de type Bibliothèques qualifiés par des attributs de nom, RCR, latitude et longitude et des noeuds de type unicas caractérisés par quelques éléments extraits de la notice Sudoc (titre, ppn, issn, zone 309) ; ces noeuds peuvent être connectés par une relation illustrant la localisation du périodique, ce lien étant créé à partir à partir du web service multiwhere.

– On créé également des noeuds représentant les titres de presse locale définis par les métadonnées de titre, identifiant ark et issn; on définit une relation d’équivalence « same_as » avec les noeuds unicas quand l’attribut issn est le même.

– On ajoute des noeuds qui représentent les versions numérisées des titres de presse locale quand le champ correspondant est présent dans la notice Unimarc/xml renvoyée par le SRU de la BnF, et on les relie aux noeuds de type presse locale ancienne représentants les versions imprimées

– etc…

[Cliquer sur l’image pour voir l’animation]

Voilà pour le modèle de données… Évidemment l’alimentation du graphe dans la base de données ne s’effectue pas manuellement, l’ensemble du workflow est automatisé (notamment pour faciliter les mises à jour et favoriser la reproductibilité du processus). La démarche est la suivante :

  • on effectue un chargement initial à minima dans la base de  données en important uniquement les listes de ppn d’unicas et d’ark de presse locale,
  • on automatise les enrichissements (ajouts des attributs et des liens) par des requêtes aux API précédemment explicitées directement dans la base de données (grâce à une librairie de fonctions et procédures nommée Apoc intégrée comme un plugin à Neo4j). La succession des requêtes utilisées en langage Cypher est disponible sur ce Gist https://gist.github.com/gegedenice/c7e53cc4c3d65b8bc1639d4b55a90be6,
  • on développe l’application au-dessus de la base de données pour proposer une interface web de visualisation et redistribuer les données du graphe par des API et des exports en Excel.

Voici un extrait du graphe final dans l’interface graphique de la base de données qui illustre exactement à quel point la dimension exploratoire est facilitée dans ce genre de visualisation et comment elle aide à mettre à jour des connexions qu’il serait extrêmement laborieux de mettre en évidence par des techniques plus classiques de jointures.

Au centre de l’image, le noeud jaune représente un unica (la Revue de Cannes), périodique également référencé comme un titre de presse locale ancienne (le noeud vert) concernant le département des Alpes-Maritimes (le noeud bleu) ayant fait l’objet d’une numérisation aux Archives municipales de Cannes (le noeud rose), mais dont la collection papier est détenue à la BM de Toulon (le noeud rouge).

 

Et la version web complète proposée dans l’application :

 

Comme prévu initialement, au-delà de la pure visualisation de parcours de graphe, l’application proposera des fonctionnalités de redistribution des données à destination des bibliothèques s’appuyant sur les traitements et appariements réalisés dans la base de données

Sous forme d’API

(avec des urls paramétrables pour spécifier le rcr voulu)

Par export Excel Intégration de widget

sur une page web

 

 

Quelques infos pratiques pour conclure (enfin !) en légèreté après cette avalanche de points techniques :

  • l’application ouvrira en production à la rentrée universitaire 2019, elle sera présentée dans le détail lors de la prochaine journée annuelle du réseau le 5 novembre à la Bibliothèque du Chevalier de Cessole
  • A la demande de l’Abes, nous l’avons déjà présentée le 27 mai 2019 à l’occasion de la journée Sudoc-PS qui se tient traditionnellement chaque année en marge des Journées Abes (programme). Le PowerPoint de notre présentation est accessible en ligne ici.
  • Comme mentionné dans le billet, le code des requêtes utilisées pour alimenter le graphe est déjà disponible ici, le reste du code de l’application sera évidemment déposé en open source à l’ouverture.

 

* les seules conditions à remplir sont que le graphe doit être orienté et les nœuds labellisés

Haut de page